Dans le billet du jour, j’aimerais revenir sur 3 conférences qui ont eu lieu et qui m’ont marquées.
Les 21 leçons de M.Saylor
Michael Saylor est le CEO de MicroStrategy et si vous vous intéressez au réseau Bitcoin, vous ne pouvez pas ne pas le connaître.
C’est l’homme qui a pris le plus de risque et investi le plus lourdement dans Bitcoin.
En août 2020, il a demandé à son entreprise, MicroStrategy, d’acheter pour 250 millions de dollars de bitcoins.
Sa stratégie est ensuite passée à la vitesse supérieure en utilisant d’autres moyens financiers (j’en parle notamment dans mon dossier du mois).
L’entreprise possède aujourd’hui 214 400 bitcoins d’une valeur supérieure à 14 milliards de dollars. C’est dix fois plus que la 2e entreprise détenant des bitcoins (Marathon Digital).
Même si son entrée dans Bitcoin est relativement récente, Michael Saylor est aujourd’hui l’un des meilleurs orateurs et défenseurs de Bitcoin et c’était à mon goût la meilleure présentation de cette édition de BTC Prague.

Ces 21 règles (en référence aux 21 millions de bitcoins) sont en réalité un condensé des leçons qu’il a retenues ces dernières années à évoluer et apprendre Bitcoin.
Tout en reconnaissant la nature subjective de ces règles, il les a présentées comme des principes directeurs permettant de comprendre et d’adopter Bitcoin.
Les voici :
- Ceux qui comprennent Bitcoin achètent du bitcoin. Ceux qui ne le comprennent pas critiquent Bitcoin.
- Tout le monde est contre Bitcoin avant d’être pour.
- Vous savez que vous comprenez Bitcoin quand vous savez que vous ne le comprendrez jamais complètement.
- Bitcoin est alimenté par le chaos.
- Bitcoin est le seul jeu du casino où nous pouvons tous gagner.
- Bitcoin ne vous protégera pas si vous ne portez pas l’armure (posséder ses propres clés privées).
- Bitcoin est la seule chose dans l’univers que vous pouvez vraiment posséder.
- Chacun obtient des bitcoins au prix qu’il mérite.
- N’achetez des bitcoins qu’avec l’argent que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre.
- Les tickets pour s’échapper du système se vendent en bitcoins.
- Seuls les gens qui ont besoin de Bitcoin s’intéressent à Bitcoin
- Tous vos modèles seront détruits.
- Le remède au mal économique est la pilule orange.
- Soyez POUR Bitcoin, pas CONTRE la monnaie fiduciaire.
- Bitcoin est pour tout le monde.
- Apprenez à penser en bitcoins.
- Vous ne changez pas Bitcoin, c’est lui qui vous change.
- Les yeux laser vous protègent des mensonges sans fin.
- Respectez le bitcoin, ou il fera de vous un clown.
- Ne vendez pas vos bitcoins.
- Répandez le bitcoin avec amour.
Le point qui m’a le plus marqué était le 9e point.
Généralement, on dit “n’investissez que ce que vous pouvez vous permettre de perdre” et Michael Saylor dit l’exact inverse pour Bitcoin.
Bitcoin n’est pas un casino. Ce n’est pas une entreprise qui prend des risques pour réussir.
Il n’y a pas besoin de ce genre d’avertissement et de clause de non-responsabilité…
Michael Saylor a poursuivi en disant : “Personne ne donne ses enfants à un chauffeur de bus qui vous dit “Ne me confiez que les enfants que vous pouvez vous permettre de perdre” et “aucun ingénieur ne vous dira de ne pas emprunter leur pont si vous avez peur de ne pas réussir à le traverser”.
Bitcoin a été conçu pour répondre à un problème : l’absence de bonne monnaie.
Bitcoin est une monnaie conçue pour fonctionner sans avoir besoin de mettre sa confiance en quelqu’un. C’est un virus qui a été lâché sur le monde.
Michael Saylor a dit qu’il avait commencé à acheter des bitcoins n’ont pas pour prendre des risques … mais par dégoût envers le fait que notre système économique nous pousse justement à prendre des risques (investir en actions, en immobilier, etc…) pour ne serait-ce qu’éviter de perdre de l’argent.
Les monnaies sont déficientes. Bitcoin est là pour régler ce problème.
“There’s no second best”
L’autre excellente présentation était celle de Jack Mallers, CEO de Strike, une application pour acheter du bitcoin qui intègre un portefeuille Lightning (couche 2 de Bitcoin).
Son sujet : Pourquoi Bitcoin est unique est pourquoi il n’y a pas de “deuxième meilleure crypto”.

Jack Mallers est ce que je qualifierai de représentant de la première génération de bitcoiner.
Jeune adolescent, il a découvert Bitcoin en 2013 grâce à son père qui travaillait dans la finance. Génie de l’informatique, il commence à monter des jeux en utilisant Bitcoin comme moyen de transaction dès 2015.
A Prague, il a fait un discours très pédagogique pour montrer les spécificités de Bitcoin par rapport à toutes les autres crypto-monnaies.
Il aurait pu parler de la genèse de Bitcoin, de la tokénomie de Bitcoin, du prix du Bitcoin… mais il s’est focalisé sur un élément spécifique de sa structure : la preuve-de-travail.
La preuve-de-travail est derrière ce qu’on appelle le “minage de Bitcoin”.
Pour valider un bloc (et donc les transactions des utilisateurs), un mineur doit effectuer toutes les dix minutes un travail de hashing avec un ordinateur à haute performance.
Ce travail, ce “temps et énergie” sont ce qui sécurisent le réseau Bitcoin. Bitcoin est donc inscrit dans les lois de la réalité… et non dans une abstraction virtuelle comme le permet l’informatique.
C’est ce qui fait sa principale valeur et différence.
Il existe un autre système de validation : la preuve d’enjeu. C’est le système de validation utilisé par la plupart des autres cryptomonnaies (Ethereum, Solana, etc…).
C’est un système qui était connu avant la création de Bitcoin et il a été volontairement mis de côté par Satoshi Nakamoto.
Derrière ce système par preuve-d’enjeu, il n’y a pas d’utilisation d’énergie… et c’est un réel risque de fraude possible car la validité du bloc n’est pas payée par un actif tangible (l’électricité dans le cas de Bitcoin).
Contrairement à Bitcoin, Ethereum nécessite de faire confiance en des validateurs qui valident les transactions. Il n’y a pas de “skin in the game” autre que virtuel.
En raison de la preuve de travail, les règles de Bitcoin ne peuvent pas être changées par un petit nombre de gens. Au contraire, le comité d’Ethereum a totalement changé son fonctionnement avec Ethereum 2.0 ainsi que sa politique de création monétaire.
C’est pour cette raison qu’Ethereum n’est pas une monnaie sur laquelle vous pouvez confier votre fortune… c’est un software dans lequel vous devez faire confiance à des personnes spécifiques.
En celà, Bitcoin est différent de presque toutes les autres crypto-monnaies. Et comme le dit Michael Saylor “There’s no second best”.
Le controversé Tether se prépare à l’apocalypse
Une autre conférence qui m’a marquée est celle de Paolo Ardoino, CEO de Tether.

Tether est l’entreprise derrière le stablecoin USDT, une crypto-monnaie qui reflète le prix du dollar américain.
En échange de chacun de ces jetons cryptographiques, Tether se charge de conserver l’équivalent en dollar dans ses réserves.
En réalité, la plupart de ces fonds sont couverts par des obligations du trésor, des produits vus comme de la “quasi monnaie”.
La différence est qu’une obligation rapporte des intérêts… et donc offre une plus-value pour l’entreprise.
Au premier trimestre de cette année, l’entreprise a engrangé 4,5 milliards de pure profit. C’est colossal.
Le plus drôle c’est que seulement 22% de ses bénefices ont été effectués sur leurs opérations (globalement sur le revenu des obligations pour couvrir l’USDT). Le reste c’est que du bénef sur des investissements annexes qu’ils ont effectués.
Avec les immenses revenus qu’ils enregistrent, Tether s’est mis à investir dans différentes opérations qui nous ont été présentés à Prague :
- L’achat de bitcoin (environ 15% de leurs profits)
- Le minage de bitcoin (plus de 600 millions investis)
- Les centres de données pour l’IA (notamment à travers Northern Data AG)
- L’éducation de Bitcoin ( PlanB Network et PlanB Lugano)
- La création d’un software de chat purement décentralisé (Keet)
- La création d’un software de suivi du minage de bitcoin (Moria)
- Le soutien à un compétiteur à Neuralink, “Blackrock Neurotech”
Tether investit lourdement pour défendre un idéal de liberté.
On parle ici de liberté économique avec Bitcoin et de liberté de penser avec Keet et leur IA décentralisée.
Leur objectif est d’offrir des alternatives aux monstres centralisés que sont Microsoft ou Google ainsi qu’aux monnaies gérées par les États.
Avec sa puissance économique, Tether devient un acteur incontournable dans le secteur des crypto-monnaies.
Et forcément, ils sont maintenant attaqués par les médias.
Le média “Consummer Research” a lancé une campagne intitulée “Tether to corruption” où ils disent essentiellement qu’ils vont montrer les liens de Tether avec la corruption à travers le monde.
C’est très visiblement du travail de journalisme à sensation. On le voit notamment par les montants qu’ils ont mis dans leur marketing :

Affichage à Time Square, New York, ce mercredi 19 juin.
Vu les annonces, ils vont simplement montrer que l’USDT est utilisé pour différentes activités criminelles (contourner les sanctions russes, vendre de la drogue, etc…).
C’est d’une telle absurdité… Le cash est encore et toujours la principale monnaie utilisée pour les activités criminelles. Pourquoi s’acharner sur Bitcoin ou Tether ?
Pourquoi on n’attaque pas la FED pour créer des billets que les criminels s’échangent ? Pourquoi on accuse pas les fabricants de couteau comme responsable de meurtre ? .
Personnellement si j’étais criminel je n’utiliserai pas Tether… c’est trop facile de suivre tes transactions et de retrouver ton identité. Pour moi c’est du pure show et du bruit.
Ce n’est pas la première fois que l’entreprise se fait attaquer… mais je pense que maintenant elle s’est faite des ennemis très haut placés.
Pas étonnant, c’est maintenant un acteur économique de poids… et je suis personnellement content qu’ils soient du côté de Bitcoin et de l’économie décentralisée.
Frédéric Duval